L'occitan est une langue issue du latin, comme bien d'autres langues romanes d'Europe : espagnol, français ou italien par exemple. La longue tradition centraliste française en a pourtant interdit la reconnaissance officielle, c’est pourquoi l'occitan fut longtemps qualifié de « patois ».
Grande langue de culture au Moyen Age (les troubadours), l'occitan est porteur de tout un art de vivre et d'un héritage séculaire, technique, scientifique et littéraire. La création occitane contemporaine s'exerce dans des domaines aussi variés que la littérature (prose et poésie), la chanson, le théâtre, la peinture et les arts plastiques, ou encore la recherche de solutions alternatives aux questions économiques et sociales.
Actuellement, l’occitan est parlé par environ un million de personnes dans…
– 33 départements français répartis sur huit régions administratives (sur les 14 millions d’habitants de ces régions, environ 6 millions comprennent l’occitan sans le parler) ;
– le Val d’Aran (Catalogne, Espagne),
– 12 Vallées du Piémont italien et une enclave en Calabre (Italie).
Par le nombre de personnes qui le parlent, l’occitan est la 2e langue non étatique de l’Europe, après le catalan.
L’Europe et ses langues
(Carte présentée sur le site de l’Organisation pour les Minorités Européennes)
En se servant d’une langue dont le fond est identique, on peut prendre des habitudes de prononciation, de vocabulaire différentes selon les régions : c’est ce qu’on appelle les dialectes – il existe des dialectes dans toutes les langues, y compris le français.
Langue de la diversité, l’occitan comporte six grands parlers (ou dialectes), eux-mêmes répartis en deux zones : le sud-occitan et le nord-occitan.
LES GRANDS PARLERS OCCITANS
(carte C. Liethoudt, © Ostal del libre)
En Auvergne, le sud de l’Allier, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme ainsi que la plus grande partie du Cantal au nord de la Maronne, du Lioran et du Brezons appartiennent à l’ensemble nord-occitan (dans sa variété d’Auvergne), qu’on pourrait appeler « la zone du -cha- » ; le sud du Cantal, lui, appartient à la « zone du -ca -», c’est-à-dire à l’ensemble sud-occitan (le languedocien).
L’OCCITAN EN RÉGION AUVERGNE
(carte C. Liethoudt, © Ostal del libre)
Les différences entre l’occitan auvergnat et l'occitan languedocien sont systématiques : ce qui se dit cargar (« charger ») ou garriga (« garrigue ») en occitan languedocien se dit charjar ou jarrija en occitan d’Auvergne. Ces différences n’empêchent pas de se comprendre, et c’est à cela qu’on reconnaît que ces parlers appartiennent à une seule et même langue.
Le Cantal a la particularité de se situer sur la frontière entre nord-occitan et sud-occitan.
L’OCCITAN DANS LE CANTAL
Carte extraite de Gramatica occitana segon los parlars lengadocians, L. Alibert, IEO edicions
Selon une enquête faite en Auvergne par l’IFOP en mars 2006*, 55 % des Cantaliens parlent, en plus du français, le « parler local », « parfaitement », « facilement », ou sont capables au moins de suivre le sens global d’une conversation. Seuls 19 % disent ne pas du tout le connaître.
Qu’est-ce que ce « parler local »? ?
70 % des Cantaliens l’appellent le « patois » ou l’« auvergnat » (63 %), mais ils le nomment aussi « occitan » (42 %) et « langue d’oc » (21 %), ces deux derniers termes étant synonymes.
Si l’on en croit le Petit Robert, qui donne la définition suivante, qualifier notre langue de « patois » est profondément méprisant :
Patois : « Parler local employé par une population généralement peu nombreuse, souvent rurale et dont la culture, le niveau de civilisation sont jugés comme inférieurs à ceux du milieu environnant qui emploie la langue commune ».
En fait, le mot de « patois » est le terme que les pouvoirs ont utilisé pour anéantir, sans dire leur nom véritable, tous ces parlers historiques de France qui s’obstinaient à survivre en marge du français.
Or la communauté internationale des linguistes s’accorde sur le fait que l’autre langue parlée depuis des siècles en Auvergne et Velay, le « patois », c’est la langue d’oc, ou occitan.
Bien qu’ils en ignorent souvent le nom - puisqu’on ne le leur a jamais enseigné - beaucoup d'Auvergnats restent profondément attachés à cette langue, comme le montre par exemple ces deux extraits de l’enquête réalisée par l’IFOP* :
* Enquête réalisée par l’IFOP auprès d’un échantillon de 804 personnes, représentatif de la population de la région Auvergne âgée de 18 ans et plus. Représentativité de l’échantillon assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession) après stratification par département et catégorie d’agglomération. Interviews par téléphone au domicile des personnes interrogées, du 4 au 7 mars 2006.